• Anciennes recherches

     

     

     

    Tout à commencé en 1992, lorsque, travaillant dans un atelier situé dans la Beauce, j'ai pu me rendre compte de l'incroyable violence à laquelle était capable d'aboutir l'application des principes de productivité industrielle dans le paysage agricole. 

    En même temps, on entendait déjà les aberrations du modèle de l'agro business occidental qui obligeait, subventions publiques à l'appui, à geler des terres agricoles pour maintenir les cours des céréales ou d'autres productions considérées comme excédentaires par les milieux technocrates et financiers qui s'étaient déjà emparés de l'agriculture à des fins de profits.

    L'Afrique, soumise aux plans d'ajustement structurels qui détruisaient autant son agriculture que ses jeunes infrastructures sociales et culturelles (voir l'excellent film de Pasolini "Carnets pour une Orestie africaine" pour mesurer le développement intéressant atteint par des pays africains lors des premières décennies de leur indépendance, alors qu'ils n'étaient pas encore déjà repris par le champ d'influence néo colonial occidental qui les a replongé dans la ruine pour mieux piller les ressources en matières premières qui sont immenses), l'Afrique, donc, mourrait de faim, et pourtant, on ralentissait artificiellement la production agricole pour maintenir les cours en bourse élevés, totalement indifférent à la mort de millions de gens.

    En France, cela donnait ces " mises en jachères", par lesquelles on payait l'agriculteur à ne pas cultiver son champ. 

    Révolté par ces mesures purement spéculatives, j'ai pensé que les subventions aux mises en jachères pouvaient être pérennisées en plantant de gigantesques "temples forestiers" comprenant des multitudes d'essences diversifiées, selon des tracés géométriques monumentaux, énigmatiques, permettant la promenade, la fixation du gaz carbonique, la production de ressources en bois diversifiés pour des usages autant médicaux que pour l'ébénisterie et la menuiserie à grande échelle.  Cela servait aussi de protection des bords de villes contre les pollutions agricoles et constituait des emblèmes d'un esprit nouveau dans les relations des civilisations humaines à leurs environnements. 

    Ce programme était inaudible pour les chefs de service que je rencontrais, et encore plus pour les politiques, à l'affut de ce qui pourrait, à court terme, leur faire gagner une élection : de petits arbres, qui demandent des décennies pour croître, cela ne leur semblait pas assez rentable à court terme. 

    J'ai beaucoup peiné à convaincre les élus et administrations. Seul ou presque seul, le directeur d'un bureau d'étude central de l'Office National de Forêts (Sylvétude à l'époque), Jean François Grenet (mort depuis d'un cancer), m'a entièrement soutenu, affirmant qu'il était tout à fait possible de réaliser ce dessin d'artiste par des plantations d'arbres, comme le ferait un lissier d'après un carton de tapisserie. le hasard voulu qu'en 1994, je reçu une grande commande de tapisserie, tissée par 12 ateliers d'Aubusson et dirigé par le Mobilier national, mais en attendant, la "tapisserie avec des arbres" n'avançait guère. 

    Autant le ministère de l'environnement que celui de l'agriculture, autant les SAFER qui regroupent des terres agricoles, que les mairies, tous mes interlocuteurs étaient sans idée, sans ambition, sans compréhension des enjeux. J'arrivais "trop tôt", comme on me le dit alors sans détour. Cela m'a pris 15 ans environ pour obtenir mon premier projet à La Garde-Freinet, pour la colline de Miremer (8 ha), avec le soutien de la fondation de France, programme des nouveaux commanditaires et l'Institut pour la forêt méditerranéenne situé à Gardanne. Et encore, l'Office National des Forêts a joué un rôle très pervers en tentant de saboter le projet et de jouer contre sa réalisation par des tractations secrètes avec le maire de l'époque, un homme remarquable, André Werpin, président de l'association des communes forestières du Var. Il ne se laissa pas manipuler et sut maintenir le cap du projet jusqu'au bout, peu avant sa mort qui intervint deux ans plus tard.

    Toutefois, j'ai développé plusieurs version des projets de plantations qui auraient mesuré plusieurs kilomètres de longueur, avec des dizaines d'essences alignées selon des axes différents pour permettre de capter la luminosité et de résister aux vents. Ces dessins à la main, même si aucun projet n'en est sorti sur le terrain, ont servi à faire mûrir ma réflexion. Vingt deux ans plus tard, je reste convaincu que ce type de projet serait urgent et magnifiques à réaliser sur divers sites.

      

     

     

     

     

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    Joël Auxenfans. Dessin d'une plantation monumentale de milliers d'arbres de dizaines d'essences diversifiées adaptées. Tracé régulateur.dessin sur papier calque. format A3. 1992 - 1996.

     

    Pour "accompagner" le projet, j'ai voulu réaliser des panneaux de marqueterie obéissant au même principe de variation des essences et des axes en disposant une quinzaine de types de bois, selon des sens du fil du bois variables, collés sur panneau, par un ébéniste expert travaillant à Colombes dans les Hauts de Seine, Xavier de Clerval. Manquant de moyens, je n'ai pu en réaliser qu'un seul sur les six que je m'étais promis de produire. 

     

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    Joël Auxenfans. Panneau en marqueterie. 15 essences de bois. 50 x 80 x 2,5 cm. 1996. 

     

     

     

    Quelques années plus tard, j'ai repris le principe en l'adaptant à l'Arboretum de Chèvreloup dans les Yvelines. Cet arborétum, créé en 1974, possède une très belle collection d'arbres, mais n'est pas beaucoup visité. Mon projet de "Théâtre de verdure" proposait de réunir 87 essences d'arbres sous forme de petits plants forestiers, pour un projet se développant dans le temps, et accueillant dans un espace libre situé en son centre, des évènements culturels, invitation s de sculptures monumentales...

     

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Projet pour l'Arboretum de Chèvreloup. 87 essences d'arbres. 2,5 ha. 2002.

     

     

     

     

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    Joël Auxenfans. Liste des 87 essences d'arbres du projet.  

     

    Le projet anticipait le développement inégal des arbres selon les essences auxquelles ils appartenaient. Après vingt ans, certains arbres seraient à couper pour laisser d'autres essences, prévues pour se développer encore, prendre de l'ambleur. et ce dispositif se succédait en plusieurs étapes, au travers des siècles.

     

     

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Première phase de croissance des plants d'arbres. Dessin. 2002.

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Deuxième phase de croissance des arbres. Dessin. 2002.

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Troisième phase de croissance des arbres. Dessin. 2002.

     

     

     

     

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Première phase de croissance des arbres. Dessin en perspective couleur. 2002.

     

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Deuxième phase de croissance des arbres. Dessin en perspective couleur. 2002.

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Troisième phase de croissance des arbres. Dessin en perspective couleur. 2002.

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    Joël Auxenfans. "Théâtre de verdure". Implantation sur le site de l'arboretum. Plan. 2002.

     


  • Commentaires

    1
    LAURENT
    Mardi 11 Novembre 2014 à 23:14

    Très beau projet par la richesse de l'imagination. Je suppose que la difficulté tient au fait que c'est un projet qui demande de disposer de temps : la plupart des élus ou responsables d'institution sont trop préoccupés par leur court terme (réélection, carrière). Ne désespérons pas pour autant. Personnellement hors circuit (76 ans, retraité)*, je transmets ce dossier à un ami, élu écolo (mais pas sectaire !) à la mairie de Paris.


    Amitiés


    C.LAURENT 


    * père d'Isabelle

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