• Les HAIES à Art'cologie à Arcueil


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    Joël Auxenfans. octobre 2020. Intervention des élèves du lycée La Germinière du Mans pour la plantation du projet "Les Haies". Production association Piacé le Radieux-Bézard Le Corbusier.

     

     

     

    Joël Auxenfans. octobre 2020. Intervention des élèves du lycée La Germinière du Mans pour la plantation du projet "Les Haies". Production association Piacé le Radieux-Bézard Le Corbusier. Fin de chantier.

     

    Joël Auxenfans. "Noms buissonnants". Affichage de milliers de noms d'arbres fruitiers. édition de 9 tirages numérique format A0 par l'association Piacé le Radieux pour l'ouverture du nouveau lieu d'exposition "le Kub d'Or", 28 mars 2021. 

     

    Joël Auxenfans. Tremblay les Villages, plantation d'une Haie de 700 mètres de long, 70 essences d'arbres. 2020. Avec le soutien de la Région Centre.

     

    Exposition à Cittadellarte Fondazione Pistoletto. Installation "Les Haies". Joël auxenfans en compagnie de Michelangelo Pistoletto. Octobre 2019-mai 2020.

     

     

    Joël Auxenfans. Plantation de 200 mètres du projet "Les Haies" au Haras National du Pin, avec les élèves et des enseignants du Lycée de Sées. Février 2020.

     

     

    Joël Auxenfans. Projet (non réalisé) proposé pour une artothèque située en Normandie à Nocé. 2020.

     

     

     

     Joël Auxenfans. Projet pour un domaine viticole dans la province de Biella. Italie. 2019.

     

     

    Joël Auxenfans. Projet "Les Haies" pour une ferme dans la Nièvre. 2019.

     

     

    Joël Auxenfans. Projet "Les Haies" dans un domaine viticole en bourgogne. 2019.

     

     

     

     

    Joël Auxenfans. "Le Verger du Troisième Paradis", plantation à Saulx Les Chartreux (91) auprès de la Ferme du Pas de côté, d'un verger participatif à partir du Troisième paradis de Michelangelo Pistoletto. 2020.

     

     

     

    Un des 120 arbres et arbustes à fruits déjà plantés, sur les 450 au total du projet. 2021. 

     

     

     

    Joël Auxenfans. "Verger du Troisième paradis" planté par la production de Piacé le Radieux- Bézard Le Corbusier. 2021.

     

     

     

     

     


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    C’est donc depuis la fin des deux guerres mondiales que les stocks de gaz mortels de combat et leur fabrication industrielle ont été réorientés vers un emploi dans l’agriculture, à travers une entreprise systématique de tuerie des insectes et des micro- organismes des sols. Le phénomène apparaît dans les deux films de Georges Rouquier de 1946 et 1983 – des chefs-d’œuvre – Farrebique et Biquefarre, puisqu’on y voit l’évolution des campagnes et des pratiques agricoles en suivant la vie quotidienne de plusieurs générations de paysans du Rouergue. Et de manière majestueuse et bouleversante, on voit la nature sourdre à chaque seconde de film lorsqu’on regarde passer les instants et se déployer les saisons.

     

    Depuis ces années d’après guerre, surtout dans les années cinquante, on procède à l’arrachage des haies. Participant du remembrement des terroirs et du parcellaire agricole, historiquement souvent à l’avantage des plus gros exploitants, l’arrachage des bordures végétales des champs et des prés devient une démarche systématique, livrant les sols à l’érosion éolienne, à la perte de biodiversité, au ruissèlement, et, disons-le, à la monotonie et à l’appauvrissement de l’esthétique des paysages agricoles.

     

    Ce travail se poursuit un peu partout, et l’on voit encore par exemple dans le Perche, comme ailleurs, des dizaines d’hectares de bocages disparaître, arrachés à coup de bulldozer, pour être remplacés par de grandes monocultures céréalières ou légumineuses qui choquent souvent par leur uniformité. Il suffit de voir ces parcelles gigantesques avec des clones de la même plante rigoureusement de la même taille et du même aspect (colza, maïs, blé, ou tournesol) pour sentir une pression inimaginable sur l’espace, les ressources, et les processus vivants, complètement dénaturés par cet arraisonnement à la fois exclusif et violent.

     

    Mais on assiste aussi à des mouvements de conservation et même de renaissance des haies. Les techniques d’agroforesterie se développent, faisant apparaître une meilleure solidité des écosystèmes agraires par la combinaison et la juxtaposition des arbres, buissons et cultures. Cela n’empêche pas la mécanisation, ni l’emploi de la force animale ou de l’élevage, qui apportent en retour des fertilisations organiques et non plus chimiques des sols. Ainsi l’agriculture biologique apporte-t-elle de la qualité gustative et nutritive, de la salubrité, tout en réparant les biotopes et les paysages.

     

    Ce sont aussi les paysans biologiques qui redeviennent de vrais modeleurs de leurs paysages, puisque par leurs choix quotidiens ou leurs décisions sur tel ou tel aspect à améliorer dans leurs cultures, ils prennent en compte l’exigence biologique et écologique. C’est-à-dire que l’artefact de l’agriculture sur le paysage devient chez les « bios » une tendance à marier leur production avec les contraintes de l’existant, avec la morphologie ou les conditions d’ensoleillement, d’exposition au vent, en particulier en développant, ou plutôt en fondant leur technicité agricole sur la culture du sol proprement dit. Car c’est de la vitalité du biotope du sol que naît la possibilité de récoltes de plantes saines, épargnées des maladies, productives et qui n’épuisent pas la terre.

     

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Joël Auxenfans. "L'arpentage onirique". Fonte et ciment. Nombre et dimensions du dispositif variables. Nogent Le Roi, Néron, Viroflay, Cachan, Arnhem (Pays-Bas). 1993. Ici le dispositif le long des haies de Monsieur et Madame Lhopiteau à Néron, vingt ans après. 

     

    C’est pour célébrer cette démarche que j’avais eu en 1993 le souhait d’accompagner les haies d’un agriculteur de la Beauce, dont la ferme est à Néron, que je trouvais d’autant plus méritant qu’il accomplissait ses plantations de haies dans l’indifférence ou le sarcasme général de ses voisins exploitants « chimiques », alors (et encore aujourd’hui) largement majoritaires dans les campagnes. Après une exposition personnelle de sculptures dans le parc de 50 ha de la commune de Nogent Le Roi en Eure et Loir, j’ai offert à Monsieur François Lhopiteau et sa femme Françoise http://ferme-au-colombier.com , une dizaine d’entre elles pour qu’ils les plantent eux-mêmes le long de leurs haies.

     

     

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Joël Auxenfans. "L'arpentage onirique". Fonte et ciment. Nombre et dimensions du dispositif variables. Nogent Le Roi, Néron, Viroflay, Cachan, Arnhem (Pays-Bas). 1993.

     

    Cette exposition à Nogent le Roi s’était appelée « l’ Arpentage onirique » et présentait une quarantaine de sculptures en fonte en forme de petits totems de six types différents, scellées sur des bornes en ciment plantées selon des intervalles irréguliers et au gré d’alignements qui se croisaient sur de grandes distances. J’avais décliné en fonte le vocabulaire de signes numériques, végétaux et humains que j’employais alors en direction de différentes techniques de réalisation. En plaçant ces signes, en partie haute d’une sorte de tige comportant des volumes en forme de disques et de coupelles de diamètres, d’épaisseurs et de galbes différents, je faisais allusion à la croissance végétale.

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

     

    Joël Auxenfans. "L'arpentage onirique". Fonte et ciment. Nombre et dimensions du dispositif variables. Nogent Le Roi, Néron, Viroflay, Cachan, Arnhem (Pays-Bas). 1993.

     

    Si le projet d’installation des sculptures dans la parc de Nogent le Roi faisait référence au travail du géomètre, car il s’agissait en somme de « borner » un grand terrain, les emplacements des bornes étaient en revanche reliés entre eux par relations spatiales et visuelles non scientifiques mais plutôt poétiques. Ces relations spatiales étaient faites à la fois de paramètres métriques, numériques et sensibles (nombres de pas entre les bornes, impression de satisfaction esthétique et intuitive dans leurs espacements particuliers, regard sur le paysage alentour pour comprendre ces bornes dans un ensemble, une composition).

     

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

     

    Joël Auxenfans. "L'arpentage onirique". Fonte et ciment. Nombre et dimensions du dispositif variables. Nogent Le Roi, Néron, Viroflay, Cachan, Arnhem (Pays-Bas). 1993.

     

    J’ai réalisé dans cette période des gravures en eau forte et pointe sèche qui traduisaient la même préoccupation : mesurer, trouver le juste rapport entre les différents lieux entre eux et entre les choses, en intégrant le végétal et le sensible, mais aussi l’humain et la mémoire, les grands ensembles et l’infime détail dans la prise en compte globale, en une sorte d’harmonisation des échelles de perception et d’interaction. Il y avait comme une recherche de ce « sens de la mesure » que les anciens grecs ont érigé en définition de la sagesse.

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Joël Auxenfans. "L'arpentage onirique". Gravures en taille douce. 1993.

     

     

    Il est vrai que l’arrachage systématique des haies et le délire productiviste, machiniste et chimique de l’agrobusiness a, lui, quelque chose qui rappelle à l’opposé l’ « ubris », symbole, chez les mêmes grecs anciens, de la démesure, l’incapacité à refreiner les ambitions et les avidités, qu’elles visent le pouvoir ou l’argent. Aussi mes projets d’arpentage ou d’accompagnement de haies plantées avaient-ils une visée critique et politique, tout en évoquant une possibilité d’une monde plus équilibré, plus harmonieux, plus juste, plus heureux aussi.

     

    Or, plus de vingt ans après  « L’arpentage onirique », je retrouve cette impression qui s’accomplit chez les agriculteurs cultivant en agro écologie. Aussi l’idée n’est plus de planter des « décorations » en fonte le long des haies, mais de dessiner les haies elles-mêmes, leur forme et leurs combinaisons d’essences. Car une haie est un artefact. Elle peut et doit donc être aussi conçue et travaillée comme telle, c’est-à-dire comme production humaine ayant aussi une visée esthétique, représentative.

     

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Joël Auxenfans. Esquisse pour un projet de haies pour les terres agricoles du manoir de Soisay. 2015. Des "chambres de lumière" sont plantées en divers endroits du domaine pour accueillir des oeuvres contemporaines ou des espaces de calme, et aussi des arbres fruitiers basse tige, le tout étant relié par des haies polychrome par segments de différentes essences d'arbres. 

     

    C’est donc vers les agriculteurs bios et leurs parcelles que je me tourne pour dessiner ce qui pourrait devenir un indice du changement de paradigme en train de se produire dans les mentalités et les pratiques agricoles et les comportements des consommateurs. Après de premières esquisses pour les terres du manoir de Soisay, je démarche aujourd’hui plusieurs lieux possibles d’interventions de ce type, créant avec le matériau même des haies – la croissance du végétal – montrer que c’est là, parfois avec de petites surfaces et de petits moyens mais une envie de bien faire formidable, c’est là que quelque chose d’important se passe aujourd’hui.

     

     

     

    Les haies comme indices d’une ère nouvelle

    Joël Auxenfans. Projet pour des jeunes agriculteurs bio dans le Perche. 2016. Les segments de diverses essences d'arbres sont ponctués par des arbres fruitiers pris dans la haie, et ainsi  mieux protégés au sein d'un écosystème continu. 

     


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    L’intérêt de sculpter réside dans le fait de retrancher. En fait, cet avis que l'on sait venir de Michel Ange s’applique surtout à l’art de la taille mais plus du tout, évidemment, à toutes les autres techniques qui comportent aussi la possibilité d’ajouter, comme en modelage, en assemblage, voir en accumulation ! En revanche, une grande part de l’intérêt de la sculpture réside dans le fait de créer avec les vides, qui peuvent acquérir autant de présence que les pleins de la matière.

    C’est d’ailleurs, tout métier d’artiste confondu, quelque chose de très présent en peinture ou en dessin : dessiner et peindre avec les vides, les manques, les couleurs rémanentes suggérées optiquement par contraste simultané au fond de la rétine.  

    Néanmoins cette question du dessin par les creux, les retraits de matière, peut se conjuguer avec l’apport, l’ajout, la disposition ultérieure, l’organisation et la prévision ou la pré disposition d’une programmation ultérieure. Autant dire que ces enjeux sur les retraits de matière en sculpture participent plus fondamentalement d’un projet presque économique sur le temps : comment créer une présence qui perdure avec de l’absence. Et en cela il est question de politique : gouverner des paramètres physiques et symboliques pour les associer dans un processus se développant dans le temps.

     

    C’est ainsi que je voudrais introduire le projet d’intervention sur un fragment de maquis dans le village de Marato en Corse, lors d’une résidence d’artiste en 2005.

     

    Sculpter le maquis

     

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Avant le projet, le maquis menace d'engloutir le site de la résidence d'artiste de Marato. 

     

     

    Cette invitation m’a été faite par Gabrielle Vitte, directrice de l’association ARTCO, et élue à la culture du petit village de Marato, situé dans les hauteurs proches de Ajaccio. Ayant participé sur place l’année précédente à la réalisation d’une pièce de l’artiste Alexandre Perigot (http://www.alexandreperigot.com/bio.html   et programme des nouveaux Commanditaires http://www.nouveauxcommanditaires.eu/fr/25/165/le-café-des-sports ) sur le terrain en parvis d’une ancienne petite école de village, je lui avait alors fait observer que l’emplacement même du lieu culturel qu’elle avait su créer, risquait sous peu d’être complètement envahi par le maquis.

     

    Si une lutte incessante existe en beaucoup de lieux entre les activités humaines et les puissances naturelles, ce rapport de force est en effet visible particulièrement en Corse, ou la faible démographie rurale rend problématique le maintien d’une relative ouverture du paysage contre l’entropie inverse qui se referme parfois jusqu’à oppresser la vie quotidienne et le regard.  

     

    D’autre part, ma suggestion consistait dans le fait, en plus de libérer l’espace autour de ce petit lieu muséal de l’emprise de la forêt et des risques d’incendies, de créer de nouveaux espaces d’exposition pour des œuvres nouvelles d’artistes invités par la suite.

    C’est ainsi que je proposai à  Gabrielle Vitte de me laisser dessiner le maquis autour de son micro centre d’art, comme un sculpteur, en retirant des matériaux et en prévoyant des lieux nouveaux pour de l’exposition sous le maquis, sous la voute des arbres.

     

    Sculpter le maquis

     

     

     

    Sculpter le maquis

     

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Tout le projet réside dans la détermination d'un mouvement des regards et des corps sous le couvert végétal, au sein de la possibilité future laissée ouverte de nouvelles oeuvres d'artistes. 

     

     

    Je travaillais non seulement les trouées dans le maquis, les cheminements de la promenade dans ce maquis domestiqué, mais aussi les directions que pourrait y prendre le regard pour percevoir différents points de vue, et plus tard différentes œuvres parmi les arbres. Pour cela il fallait aussi relever le plafond général du sous-bois, qui en l’état, était obscur à force d’être impénétrable, constitué d’un entrelacs dense de bruyères géantes, d’arbres morts, de branches basses, de repousses spontanées, rendant à la fois impraticable pour la marche et le regard cet espace.

     

    S’étendant sur 400 m2, il ne s’agissait certes pas d’un grand terrain attenant à l’ancienne école. D’autre part, il y avait pour moi pour une certaine frustration dans cette mission, à devoir couper des morceaux d’arbres, au lieu d’en planter massivement comme je cherchais à le faire depuis de longues années (1992).  Néanmoins, il était intéressant de tailler à même la forêt, de lutter en corps à corps à coup de serpe et de scie, puis d’indiquer à des élagueurs, ce qui devait être fait que je ne pouvais faire. D’ailleurs, j’avais fini par déterminer quelques emplacements dans lesquels il serait utile de planter de jeunes plants d’arbres pour homogénéiser le couvert végétal, en faire une sorte de matière spatiale continue au sein de laquelle les retranchements pouvaient se remarquer comme des entités précises, perceptibles.

     

    Sculpter le maquis

     

     

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Le projet situe et nomme les arbres existants à conserver, ceux à ajouter, et place les cheminements en fonction d'esplanades pouvant accueillir des oeuvres future. 

     

     

    C’est ainsi qu’en organisant mon futur séjour à Marato, j’ai pensé à contacter Jean-Claude Gandré, directeur d’une école de formation professionnelle près de Sophia Antipolis, qui avait été intéressé par ma démarche. Il a accepté d’emmener une équipe en formation chez lui pour effectuer cet élagage en guise de travail de terrain.

     

     

    Sculpter le maquis

    Sculpter le maquis

    Sculpter le maquis

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Les équipes qui ont réalisé les élagages et les remodelages des terrains.  

     

     

    Mais, pour des raisons à la fois tenant au budget et au calendrier, il ne nous serait pas possible de travailler exactement au même moment. Je viendrais sur place d’abord, faisant le gros du débroussaillement et marquant les branches à élaguer, puis je lui laisserais le terrain libre ensuite pour qu’il fasse effectuer par ses stagiaires, les exercices d’élagages correspondant à mes indications. Il y avait aussi la création de retenues, de marches et de plateformes avec des moyens provenant des coupes de bois. Ainsi une économie générale, entre les coupes et les ajouts de retenues de terre en branchages et en rondins, s’organiserait sur l’espace du projet.

     

    Sculpter le maquis

     

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Marquage à la peinture des futurs élagages. 

     

    Sculpter le maquis

     

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Ici, les bois coupés sur les arbres sont ré employés pour constituer les sous bassement et les emmarchements de la promenade sous le maquis.

     

     

    Sculpter le maquis

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Plus d'une dizaine de mètres cube de matière végétale a été débarrassée du maquis pour préparer l'intervention des élagueurs.  

     

     

    Une particularité du rehaussement général du plafond du sous-bois consistait dans la sensation de voute créée par la pellicule que créait et interposait le feuillage entre l’espace sous la voute et l’espace extérieur. Au lieu qu’une épaisseur de matière végétale obstruait l’espace du sous-bois, le projet créait un vide sous une opercule assez fine, qui pouvait même faire relativement caisse de résonnance, à savoir que les sons provenant d’en bas pouvait ricocher à la sous face des feuilles de la canopée et revenir en écho. Hypothèse vraisemblable mais que je n’ai pu vérifier, n’étant pas revenu sur place depuis mon intervention et donc sans avoir pu apprécier sur place le travail des élagueurs autrement qu’en photographie.

     

    Sculpter le maquis

     

    Joël Auxenfans. "L'éclaircie". Marato, Corse. 2005. Hypothèse sonore sous la voute végétale débarrassée des branchages et broussailles. 

     

     

    En tout cas, le travail de débroussaillage fut effectué en deux semaines, et fut accompagné du marquage des branches à scier par des traces au rouleau de peinture. Ainsi je dessinais ce que devait devenir le sous bois, gagnant en moyenne quatre ou cinq mètres en plus, pour une véritable voute laissant un vide respirant et assainissant le couvert forestier, faisant prospérer la vision, les jeux de lumière et de pénombre, le jeu des perspectives que je traçais avec des piquets et des fils.

    Il fut ainsi question de penser la durée, l’espace, et une programmation future, bref des constituants de ce qui deviendra une caractéristique de mon travail futur, comme par exemple à Besançon pour la gare de Besançon Franche-Comté TGV en 2011 ou celui pour l’étude pour le RER E en 2014-2015.

     

    J’aurai l’occasion, j’espère, d’y revenir.    

     

     

     

     

     


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  • Joël Auxenfans. Peintures avec le temps. Projet de haies de fruitiers en Charente. 2009.

     

    Il arrive qu'en cherchant à bien faire et à faciliter le démarrage d'un projet, on tombe sur des gens indélicats. C'est ce qui m'est arrivé en 2009, lorsqu'une personne m'a sollicité pour un projet à proximité d'un espace accueillant du public, en pleine campagne Charentaise. Malgré la mésaventure que cela représente, le projet, lui, avait un certain intérêt.

    Il existait une grande prairie à proximité des bâtiments en cours de conversion de l'agricole au culturel. C'est là qu'on m'a exprimé un besoin de projet artistique qui valorise le site. 

    Je cherchais un dispositif qui puisse concentrer un grand nombre de petits fruitiers de variétés anciennes et d'arbustes à baies.

    Sans aller jusqu'à un labyrinthe dont le principe me paraissait inapproprié, j'ai mis en place à l'intérieur d'une ellipse qui tenait juste à l'intérieur de la parcelle, une sorte de grille graphique constituée de lignes à angles droits, avec des trouées par endroits, parallèles, qui permettaient de voir à travers toute la longueur du terrain et au delà. C'était donc un jeu d'écrans et de percées, assez élaboré pour créer un effet de construction de l'espace, à la fois ludique et composé assez strictement.

    Le principe d'un effet en pointillé comme "prêt à découper" se disloque petit à petit en partant en périphérie du terrain de haies continues, formant une enceinte. Tout le travail porte sur une dialectique entre le clos et l'ouvert, le continu et le discontinu, l'opaque et le transparent, l'écran et la percée.

    En définitive, il s'agit d'un principe que je qualifie de pictural, puisqu'il dispose des effets  linéaires, chromatiques, de transparences et de textures dans une composition pensée en plan pour une appréhension de profondeurs et d'effets de frontalité "plate".

    Avec 194 plants d'arbres et 192 plants de buissons, une liste imposante de variétés fruitières aurait pu permettre de créer un conservatoire intéressant, orienté selon les axes Nord-sud et Est-Ouest. Il est juste regrettable que, là comme ailleurs, les paroles n'aient pas été tenues. Il faut toujours commencer tout projet par un CONTRAT ! 

     

     

     

     

     

     

     


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